Du blanc au noir
Avant-guerre, dans ce petit coin de Brest bénéficiant d’une plage microscopique et d’un port minuscule, il y avait quelques maisons toutes blanches. La légende dit aussi qu’il y avait surtout un café, un bar plus ou moins louche, qui, peint tout en blanc, servait d’amer aux pêcheurs (chacun sachant bien sûr que, en Bretagne, un amer est un lieu très facile à distinguer, sur la côte, et qui peut servir de point de repère aux bateaux).
Mais la guerre arrive. Et il se trouve que, au-dessus de ce quartier, il y a un dépôt de combustible de la Marine et, pour éviter qu’il ne tombe aux mains des troupes ennemies, des soldats anglais, et des marins brestois, décident d’y mettre le feu. Et celui-ci se propage jusqu’aux maisons. Le quartier est entièrement calciné.
Du noir aux couleurs
Vers 1947, les premières cabanes réapparaissent. Elles servent surtout de « fourre tout » aux pêcheurs, qui y rangent leurs filets, leurs casiers, et toutes ces bricoles inutiles qui s’avèrent évidemment indispensables.
Jusque vers les années 60, elles vont ainsi se développer de façon un peu anarchique, envois de récupération et toit de tôle, au long de « rues » qui se créent spontanément.
Et puis suite à l’initiative d’un inconnu aimant la gaieté, elle commence à se couvrir de couleurs vives. Aujourd’hui, il en existent une soixantaine, joyeuses et multicolores, qui forment un îlot de paix, d’échanges, de profonde convivialité.
Allez passer un moment en ce quartier insolite, c’est rencontrer une vie riche et simple. Mais ne vous mettez pas en tête d’acheter l’une de ces petites baraques… elles ne se vendent pas ! Elles se transmettent, c’est tout.
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